Huit jours sous un soleil de plomb
Iaşi, Dolhasca, Podu Iloaiei, Târgu Frumos, Roumanie, 2024
Des convois à marchandises et à bestiaux avancent lentement vers le sud et l’est. Leurs ouvertures sont condamnées par des planches en bois clouées. À l’intérieur, des milliers de personnes juives ont été poussées là, à coups de crosses et de baïonnettes, entassées les unes contres les autres. Pendant plus d’une semaine et plus de cinq-cents kilomètres, les wagons bondés continuent leur trajet sous une chaleur caniculaire. À la plupart des gares croisées en chemin, les portes sont ouvertes pour extraire les corps agonisants ou sans vie, morts d’asphyxie, de soif ou de faim. Jetés le long des rails, souvent alignés, les cadavres sont alors dépouillés par les habitants du coin puis amoncelés dans des camions ou des charrettes et transportés vers des cimetières et des fosses alentour. Aujourd’hui, la plupart des corps se trouvent encore sous terre, dans des lieux ignorés, le long des lignes de chemin de fer, non loin des gares, sans aucune sépulture.